Le développement de troubles psychiques favorise les ruptures biographiques dans l’existence des sujets qui en sont atteints. La complexité de leur évolution renvoie à des réponses thérapeutiques complexes. La rémission symptomatique, observée dans la perspective des professionnels de santé, n’est pas toujours corrélée au vécu des usagers. De plus, dans leur perspective, les différents secteurs de l’existence (vie sentimentale, logement, famille, profession, loisirs, etc.) font parfois l’objet d’une amélioration hétérogène.
Une « réponse humaine à la maladie » peut être proposée à partir d’une notion subjective, celle de rétablissement. Celle-ci implique l’autodétermination du sujet et la restauration d’un équilibre, aboli par les troubles, qui ne soit pas centré sur la maladie. Le concept de rétablissement s’oppose à un modèle objectivant de la maladie, qui propose un retour à l’état antérieur à travers une disparition des troubles. Le rétablissement est un processus impliquant une prise de conscience, une acceptation des difficultés et une motivation au changement. Il est rythmé par des moments décisifs (tel le turning point) sur fond de changements permanents. Progressivement s’opère une redéfinition de soi permettant de nouveaux choix vers une « vie accomplie » [1]. Ce type de rapport à soi met en exergue la dimension éthique d’un processus qui ne se réduit pas au résultat du soin, mais s’exerce en complémentarité. Le rétablissement questionne l’accompagnement médical susceptible de favoriser ce processus. Les échanges narratifs permettent au sujet de redevenir « auteur, narrateur et acteur » [2] à travers le récit de soi et une dimension de « mimesis praxeo » (représentant de l’action). La place des pairs est centrale par son soutien favorisant la constitution d’une identité de personne retrouvant une vie active sociale.
Par ailleurs, des outils thérapeutiques – dont la remédiation cognitive – qui permettent de renforcer les processus préservés et de mieux composer avec les troubles, sont de nature à favoriser le rétablissement [3].
Comments
No Comments have been published for this article.