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Résumés

Published online by Cambridge University Press:  01 August 2009

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Résumés
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Copyright © Internationaal Instituut voor Sociale Geschiedenis 2009

Larry W. Isaac et Paul Lipold. Grèves mortelles: contestation mortelle et le caractère “exceptionnel” du mouvement ouvrier américain, 1870–1970.

D’un trait impressionniste, les chercheurs sur le mouvement ouvrier ont décrit les décennies qui vont de la Grande grève ferroviaire de 1877 et l’institutionnalisation de la classe ouvrière organisée aux EU jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale comme les plus violentes et sanglantes qu’aient connues une nation occidentale démocratique. Diverses formes de répression ouvrière ont été identifiées et étudiées. Mais en l’absence de données systématiques, nul n’est parvenu à examiner directement l’incidence ni les contours de la forme extrême de la répression violente dans le conflit collectif. Notre démarche a consisté à créer le cadre conceptuel pour mener des travaux de recherche sur les effusions de sang, et à dresser un nouvel ensemble de données caractéristiques des morts dues aux grèves ouvrières. Cette nouvelle orientation est prometteuse dans le débat sur l’exception américaine et dans les études de grèves comparatives. Grâce à un examen minutieux des archives historiques, nous présentons la première jauge quantitative systématique pour analyser les grèves mortelles de 1870 à 1970. Ces données permettent d’analyser les décès accidentels résultant des grèves ouvrières quels que soient l’époque, la région géographique et le secteur industriel concernés. Après avoir décrit ces configurations de la mortalité due aux grèves, nous suggérons ce que ces variations conçues sur un modèle peuvent signifier, et nous identifions d’autres questions que ces données peuvent aider à résoudre dans des études ultérieures. Nous incitons à des collectes de données comparables dans d’autres pays, car elles permettraient des évaluations historico-comparatives directes de l’ampleur et du rôle des effusions de sang dans différents mouvements ouvriers.

Steven King. “Je crains que vous me trouverez trop présomptueux dans mes exigences, mais nécessité fait loi”: l’habillement dans les lettres des pauvres au Royaume-Uni, 1800–1834.

Dans cet article, l’auteur étudie comment les pauvres au Royaume-Uni appliquaient la rhétorique de l’habillement dans leurs rapports avec les fonctionnaires locaux lorsqu’ils tentaient d’obtenir le secours aux pauvres. D’après les lettres écrites sur ou par les pauvres qui étaient à charge dans une vaste sélection de communautés britanniques, l’auteur suggère que les pauvres utilisaient certains concepts comme l’aspect déguenillé, les vêtements perdus, la nudité, la dignité compromise, la présence dans la communauté et le lien entre l’habillement médiocre et le chômage pour revendiquer le fait d’être méritant. Un exemplaire d’une série de lettres de la même personne sert à étudier comment les pauvres développaient la rhétorique de l’habillement pendant une longe période de correspondance, suggérant que les pauvres avaient une perception aigüe de l’effet de l’habillement dégradé dans leurs négociations avec des fonctionnaires. En fin de compte, conclut l’auteur, les pauvres et les fonctionnaires avaient la même idée des normes de l’habillement minimum et un même registre linguistique pour relier l’habillement à la dignité.

Marcel van der Linden. Sociologie historique de Charles Tilly.

Charles Tilly (1929–2008) est l’un des plus grands sociologues de la seconde moitié du vingtième siècle. Son énergie et sa créativité prodigieuses ont été une force puissante qui a largement contribué à raviver la perspective historico-comparative dans les sciences sociales, et qui a ouvert de nombreuses perspectives nouvelles. Tilly a couvert de très nombreux sujets, depuis le comportement controversé, l’urbanisation, la prolétarisation et la formation de l’État jusqu’à la migration, la démocratisation et l’inégalité sociale persistante. Son œuvre est si vaste – il a écrit ou préparé pour la publication des douzaines de livres et publié des centaines d’articles d’érudition ainsi que d’innombrables comptes rendus de livres – qu’en faire la synthèse est un véritable défi. Dans cet article, l’auteur présente une critique d’ensemble pour raviver l’intérêt et relancer le débat dans ce domaine. Il commence par esquisser l’évolution de Tilly depuis la fin des années 1950. Puis il examine plusieurs thèmes récurrents dans l’œuvre de Tilly particulièrement intéressants pour les historiens des classes ouvrières. L’auteur conclut par un examen critique des conquêtes de Tilly.