Avec le premier numéro du Bulletin international des Sociétés de secours aux militaires blessés, édité à Genève, en octobre 1869, par le Comité international de secours aux militaires blessés — qui ne s'appelait pas encore le Comité international de la Croix-Rouge — naquit une publication qui allait devenir, en 1919, cette Revue internationale de la Croix-Rouge répandue maintenant dans le monde entier et oú sont rapportées les activités, les recherches et les intentions de notre mouvement. Nous fêtons done à la fois le cinquantenaire de la Revue et le centenaire du Bulletin auquel, sans aucune interruption, elle a succédé.

D'une lecture rapide de ces 196 numéros du Bulletin international des Sociétés de la Croix-Rouge, quelques grands thèmes se dégagent. Certains sont traités déjà dans la première livraison d'octobre 1869, puis nous les retrouvons au fil des années et jusque dans ce dernier numéro d'octobre 1918, consacré presque entièrement aux activités de guerre dans 28 pays belligérants ou neuters et aux interventions en faveur des victimes. Evoquer successivement les principaux, comme nous allons le faire, c'est recréer une image qui, pour incomplète qu'elle soit, n'en traduira pas moins les réussites, les espoirs, les préoccupations d'une époque décisive dans l'histoire séculaire de notre mouvement.

« Ah! la guerre n'est pas morte! » s'est écrié Henry Dunant à la fin du siècle passé, constatant avec une rigueur impitoyable: « Quand on étudie la longue suite des siècles tout remplis de guerres perpétuelles, juger le passé selon la Parole divine, c'est faire faire à l'Histoire un acte d'accusation indélébile contre le genre humain ».

La guerre austro-prussienne de 1866 puis la guerre franco-allemande de 1870–1871 avaient donné le baptême du feu à la Croix-Rouge. Son utilité se révélait incontestable. L'empereur Napoléon III s'en était si bien rendu compte qu'à la fin de sa vie, lui-même dans la difficultê et exilé en Angleterre, il vint encore en aide à Dunant ruiné. En Allemagne comme en France, la Croix-Rouge appliquait les principes de la Convention de Genève. Le nombre des sections croissait sans cesse. Partout on se préparait à pouvoir intervenir rapidement pour le soulagement des blessés. Les services sanitaires des armées ne pouvaient accomplir toutes les tâches. Parallèlement se créaient des corps de volontaires de la charité, prêts à intervenir sur les champs de bataille et, en cas d'accidents du travail, sur les chantiers.