Published online by Cambridge University Press: 16 April 2020
En France, ces dernières années, le nombre de recommandations émises par les institutions de santé publique afin de prévenir et de promouvoir la santé mentale des populations n’a cessé d’accroître (e.g. Ministère de la Santé, 2012). De multiples publications provenant de champs disciplinaires très distincts (telles que l’économie, la psychologie, ou encore les neurosciences) recommandent de développer des interventions préventives fondées sur des données scientifiques probantes à destination des parents et de leurs jeunes enfants. D’après la revue de la littérature scientifique, l’objectif principal de ces programmes est de prévenir la survenue de troubles mentaux, de conduites antisociales, de la délinquance, de crimes, de l’abus de substance mais aussi de promouvoir la santé mentale et physique, les compétences parentales, et les compétences psychosociales des jeunes enfants dans une perspective de développement sanitaire, social et économique [1]. Les économistes promeuvent également l’implantation de programmes ciblés à destination des familles vulnérables afin de réduire les inégalités sociales de santé et d’accroître l’efficience économique des sociétés (en « préparant » la force de travail de demain) [3]. Alors qu’ils sont aujourd’hui largement intégrés aux systèmes de santé nord-américains, la question de leur implantation en France se heurte à des questions particulières d’ordre clinique et épistémologique [2]. Comment implanter des programmes evidence-based standardisés évalués dans le cadre de dispositifs expérimentaux stables et constants, sous-entendant une universalité des maladies mentales, du bien-être, de la parentalité, de l’éducation, indépendamment du contexte socioculturel dans lesquels ils s’inscrivent ? Une enquête sociologique de trois mois a été réalisée aux États-Unis au sein d’un important centre de recherche économique chargé d’évaluer l’efficience des « Early Childhood Evidence-Based Interventions ». Ce séjour parmi les économistes a été l’opportunité de réaliser plusieurs observations ethnographiques et de comprendre différents enjeux liés à ces interventions evidence-based.
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