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Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
En règle générale une thèse de doctorat d'État comporte de 1 000 à 2 000 pages ; la thèse de Marc Ferro en comportait 599, son livre, tiré de cette thèse, 446 ; c'est bref. Seconde règle générale, le sujet d'une thèse aborde un aspect particulier d'un phénomène historique, il prétend rarement embrasser tout un ensemble ; modestement, M. Ferro se saisit seulement de la révolution d'Octobre. C'est gaillard. De la concision et de l'audace ; ce sont deux qualités rares ! Bien sûr, on ne va pas faire découvrir M. Ferro aux lecteurs des Annales, mais tout de même, il convient de souligner que par son genre, par ses méthodes, par les débats qu'il suscite, Marc Ferro mérite une place à part dans le groupe des historiens « contemporanéistes » français. Non seulement, comme bien d'autres historiens, il vit avec les contemporains qu'il étudie, en l'espèce les masses russes de l'année 1917, mais encore, il pénètre la vie actuelle avec les expériences qu'il croit déceler dans ce passé proche ; le citoyen, le politiste se mêle à l'historien pour prendre parti et nous forcer à prendre parti ; histoire engagée, non pas parce qu'écrite en réponse ou en contrepoint à des engagements politiques, mais parce qu'évocatrice de problèmes qui sont encore nôtres en cette fin du xxe siècle. D'ailleurs, pouvait-il en être autrement pour qui étudie un des événements fondamentaux de ce siècle ?
Marc Ferro, La révolution de 1917. T. II, Octobre, naissance d'une société, Paris, Aubier-Montaigne, 1976, 516 p.
* Marc Ferro, La révolution de 1917. T. II, Octobre, naissance d'une société, Paris, Aubier-Montaigne, 1976, 516 p.