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Espace masculin, espace féminin en communauté provençale*

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Extract

Un très vieil usage regroupait, dans chaque communauté provençale, la Société des Hommes en une ou plusieurs « chambrettes ». Ces associations électives, se gar-dant jalousement de toute intrusion féminine, affirment en Méditerranée nord-occidentale la présence de cette institution de la Maison des Hommes familière à la plupart des groupes amérindiens, asiatiques, ainsi qu'à certains groupes africains.

L'analyse de cette institution contemporaine et ici méconnue s'est appuyéesur une méthode conjuguant observation directe, dépouillement des fonds d'ar-chives et méthode comparative. Deux niveaux institutionnels diachroniquement successifs ont été appréhendés, qui ont fourni des données complémentaires :

a) le niveau traditionnel encore en place en haute-Provence dans le premier quart du XXe siècle, intégré dans un mode de vie méditerranéen, mis en place depuis plusieurs millénaires, et qui était par-là en mesure de livrer des matériaux d'assises;

Type
Inter-Sciences
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1970

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Footnotes

*

Nous remercions M. R. Mandrou, directeur delà Collection «Civilisations et Mentalités », de nous donner l'autorisation de publier un extrait de cet ouvrage, à paraître chez Pion : Chambrettes des Provençaux ; une Maison des Hommes en Méditerranée septentrionale.

References

page 538 note 1. Leroi-Gourhan, A. : Le Geste et la Parole, tome II, p. 150.Google Scholar

page 538 note 2. Dans les réunions actuelles, comme dans les veillées d'hier, on bavarde en mangeant de petits morceaux de fromage dur et goûteux, ayant parfois plus de dix ans et qui doit être longuement mâché ; on boit le « vin du glacier », vin préparé avec le raisin des coteaux de Sierre, dans la vallée du Rhône, dont les bourgeoisies montagnardes sont propriétaires. Une fois préparé, ce vin est monté dans les villages en bonne cave. « Vin du glacier », non pas parce que fait près du glacier, mais parce que conservé près du glacier, parfois plus d'un siècle. La cave de bourgeoisie de Grimentz possède des tonneaux de 1886. En fin de soirée, les hommes rentrent passer la nuit dans leur foyer. (Nous n'avons pas trouvé trace d'une claustration hivernale permanente de tous les hommes d'une même famille, usage qui nous avait été signalé préalablement à notre séjour d'information.) Mission en Valais, 1967.

page 539 note 1. Situation de la place dans le village bororo : in Cl. Lévi-Strauss : Le Cru et le Cuit, p. 65.

page 540 note 1. Les remarques de G. Tillion, Le Harem et les Cousins, p. 13, sur le frère aîné garant de l'honneur des soeurs, peuvent s'appliquer sur ce point à la Provence.

page 540 note 2. A. Roux, op. cit., p. 48.

page 541 note 1. L. Roubin : « La montagnarde des lavanderaies », in A.T.P., octobre 1966.

page 541 note 2. A. Roux, op. cit., p. 41.

page 541 note 3. M. Mauron, L'Oùro dou souléu, p. 45.

page 542 note 1. Appellation dont les serviteurs permanents aussi bien que les ouvriers temporaires usaient en Provence à l'égard de la maîtresse de maison.

page 542 note 2. La charge de « parer les autels » consiste à veiller à l'observance des couleurs du temps liturgique — cycle temporal et cycle sanctoral — dans le choix des nappes et pentes recouvrant ces autels.

page 542 note 3. Ils sont analogues à ceux qui, à la même époque, décorent les maisons de la montagne libanaise ; cf. M. Dunan, Byblos, p. 85.

page 544 note 1. Sigles employés pour nos références d'archives : 1° V = Archives départementales du Var : Draguignan ; X = Archives départementales des Basses-Alpes : Digne ; Y = Archives départementales des Alpes-Maritimes : Nice ; Z = Archives départementales des Bouches-du-Rhône : Marseille.

page 544 note 2. Z, III, E, Série B-Bl, Carry-le-Rouet. Les délibérations du Conseil de la Communauté font mention de l'élu le 23 novembre 1738, le 29 novembre 1739, le 30 octobre 1740, le 5 novembre 1741. A Saint-Zacharie, vers 1658, un débat s'ouvre entre Jeunesse et Conseil de la Communauté sur la date de la Toussaint, que ce dernier veut choisir comme entrée en charge de l'abbé, in A. Mailloux, op. cit., p. 12.

page 544 note 3. M. Agulhon, op. cit., p. 103.

page 544 note 4. E. Davin, Monographie du Lavandou, p. 107.

page 544 note 5. Z, III, E, Série B-Bl, Carry-le-Rouet, De du 15 décembre 1737, feuillet 239.

page 545 note 1. La fonction de chef de jeunesse mériterait en Méditerranée une étude spéciale. En Turquie” le chef de la jeunesse et son adjoint sont de la même façon élus par l'Assemblée des jeunes réunis ; entre autres fonctions ils partagent, avec l'Abbas provençal, la levée des prestations de mariage dans les familles — doublées si la jeune fille est originaire d'un autre village — prestations qui pourvoient aux dépenses de la jeunesse (rétribution des danseuses invitées, prêts d'assistance à plus ou moins long terme) — informations, transmises par M. Petev Boratav. Cette étude est envisagée à l'intérieur du groupe de recherches collectives déjà mentionné.

page 545 note 2. A. Varagnac, Civil, tradit., p. 172.

page 545 note 3. Z, III, E, Série B-Bl, Carry-le-Rouet, De de 1738 (feuillet 245), 1740 (feuillet 263), 1741 (feuillet 267).

page 545 note 4. Mireur, F., Inventaire. Sont, des arch. dép. du Var. Introd., p. LXX.Google Scholar

page 545 note 5. R. Latouche, Histoire de Nice.

page 545 note 6. Registre des délibérations communales de Saint-Zacharie in A. Mailloux, op. cit., p. 10 : pour l'année 1619, le nouvel enseigne de jeunesse prend en charge : « le Drapeau que la Commune a acheté avec son hart et floez ».

page 545 note 7. A Saint-Zacharie ces rubans sont offerts jusqu'en 1681 par le couvent des Bénédictines.

page 546 note 1. X, Iv, Série B 1039.

page 546 note 2. X, Iv Série B 1030.

page 546 note 3. Arrêt du Parlement, 23 décembre 1554, fit défense d'exiger aucune pelote des mariés passans ou de la ville, si ce n'est du bon vouloir des mariés in Julien, Comment, sur statuts de Provence, Aix, 1778, t. I.

page 546 note 4. X, Iv, B 727.

page 546 note 5. J. E. Malaussene, op. cit., p. 24.

page 546 note 6. E. Davtn, op. cit., p. 107.

page 547 note 1. On se souvient que la cérémonie d'expulsion des Pestilences, qui marquait en Chine ancienne le changement d'année, avait pour principaux exécutants de jeunes garçons tenant en main de gros tambourins à manches qui, entre autres démarches, faisaient trois fois le tour de la salle du Palais Impérial, puis sortaient pour reconduire au dehors les pestilences, M. Granet, op. cit., p. 301.

page 547 note 2. A. Mailloux, op cit., p. 4.

page 547 note 3. Information précisée en 1966 par deux anciens abbés de jeunesse respectivement originaires de la Colle-sur-Loup et de Rousset. Rappelons le caractère protecteur du bouquet de feuillage vert, instrument magique de contre-sorcellerie.

page 548 note 1. V, Gf, Série B, 1299.

page 548 note 2. V, Iv, Série B 296, feuillet 213. Ce document met en évidence les entreprises redoutées de la « grande jeunesse », qui, au Carnaval de 1633, vient mettre à sac le bal des Basochiens, place de l'Observance, « qui dansent sans faire de tort à personne » au son d'un tambour et d'une flûte. Serait venu le Prince de la Grande Jeunesse, accompagné de plusieurs, lequel leur aurait obsté leur tambour et fleutte et, non content de ce, battu plusieurs des enfants dudit bal, les ayant mis tous en sanc… ». Le roi de la Basoche porte plainte et le bal de l'Observance est maintenu. F. Mireur, Iv, sommaire ar.

page 548 note 3. Y, G, 1390, d'après un procès de 1645 en cour seigneuriale de Bezaudun ; procès entre J. Jaume, F. Fouque et Jacques Odoul, joueurs du tambour et fifre, demandeurs de la somme de 50 soles que lui doivent l'Abbat de Jeunesse, Jacques Martin.

page 548 note 4. Divers contrats de louage extrait d'arch. notariales du 26 janvier 1611, Étude Segond ; du 6 janvier 1617, Étude Laugier in F. Mireur, Inv. sommaire, p. LXX.

page 548 note 5. Celui-ci est surnommé « malegrâce » à Draguignan ; la terreur du bouquet finit par y pro-voquer, parmi les basochiens du xvne siècle, un véritable absentéisme et l'abandon des études juri - diques. Cf. l'exposé suggestif de F. Mireur in son Introduction à VInv. sont, des Arch. Dép. du Var : « le Royaume de la Basoche ».

page 549 note 1. J.-J.-M. FÉRAUD, Géographie historique et biographique des B.A., p. 101.

page 549 note 2. « Donner quelque chose à belle Maye, qui a aussi bonne grâce que vous ! »

page 549 note 3. A. Varagnac, op. cit., p. 122.

page 549 note 4. Enquête personnelle en Valais, automne 1967.

page 550 note 1. Z, in, G, 301 : Tp de 1688 à 1733, f. 78.

page 551 note 1. A. Varagnac, op. cit., p. 268.

page 551 note 2. Le Cepoun est à l'origine le plot sur lequel est refendu à la hache le rondin de bois Sprimitivement scié ; il est toujours tiré d'un arbre au bois très dur, en général poirier sauvage ; il est confié au forgeron maréchal-ferrant et l'on sait les liens de la forge et de la virilité. Notons encore que c'est par le même surnom de Cepoun que certains villages désignent le capitaine de la Bravade étudiée plus loin. En Calabre, d'autre part, la bûche — il ceppo — déposée pendant la nuit devant la porte d'une jeune fille représente un gage d'amour déclaré.

page 551 note 3. A. Varagnac, op. cit., p. 182.

page 551 note 4. La hallebarde du farandoleur d'Utelle semble à rapprocher de celle de « l'offerte » — offrandes faites en prémices dispensateurs de prospérité à la messe de minuit, c'est-à-dire pendant le cycle des fêtes du solstice d'hiver. Les paysans présentaient à l'extrémité d'une hallebarde la « pomme fleurie » lardée de pièces d'argent ; cette offrande a été reportée dans plusieurs autres communes provençales à la fête patronale d'été. F. Benoit, La Provence, p. 228.

page 551 note 5. Saint-Tropez, Registre des délibérations communales 24 juin 1558 et 18 mai 1562.

page 552 note 1. P. Tisserand, Histoire de Vence, p. 64.

page 552 note 2. Bravade : cf. Lexique.

page 552 note 3. La Bravade représente la forme provençale de l'hospitalité ouverte par les salves d'honneur en plusieurs points de la Méditerranée ; en Corse : l'arrivée d'un voyageur dans le voisinage du village est saluée par les coups de fusil tirés dans le village lui-même ; en Calabre : à l'occasion de la fête annuelle, sainte Eufémia d'Aspromonte maintient l'usage de promener la statue de la sainte patronne du village entre une double haie d'hommes déchargeant simultanément dans l'air leur fusil (mission Calabre, 1956) ; en Turquie : les villages accueillent par des coups de fusil en l'air les personnages importants, l'arrivée du cortège de la mariée venant d'un village différent. (Informations fournies par P. Boratav. C'est pourquoi nous rejetons l'interprétation de M. Agulhon faisant référence à l'hypothèse de l'abbé Terris, qui met les origines de la Bravade en rapport avec les guerres de religion. La cérémonie de 1506, à Vence, où la Bravade apparaît comme une institution coutumière, se situe trois ans avant la naissance de Calvin. Cf. notre compte rendu in A.T.P., décembre 1957, de « La Sociabilité Méridionale ».

page 552 note 4. Cité in P. Tisserand, op. cit., p. 92.

page 552 note 5. Y, Tp, Série G, 1250.

page 553 note 1. E. Malaussene, op. cit., p. 332.

page 553 note 2. P. A. Février, Fêtes religieuses de l'ancien diocèse de Fréjus.

page 553 note 3. M. Agulhon, op. cit., p. 103.

page 553 note 4. A. Mauxoux, op. cit., p. 10.

page 553 note 5. M. Agulhon, op. cit., p. 102.

page 553 note 6. M. Aoulhon, op. cit., p. 105.

page 554 note 1. Saint-Zacharie, Délibérations communales B, Bl in (voir p. 155) A. Mailloux, p. 9.

page 554 note 2. A. Mailloux, op. cit., p. 9.

page 555 note 1. Celle-ci est amorcée. Au titre de l'un des thèmes retenus, elle s'inscrit dans une recherche collective menée par un groupe de chercheurs ethnologues dont nous faisons partie ; elle sera conduite à partir de matériaux du domaine méditerranéen.

page 555 note 2. Il fallait, en effet, que les deux files se tournent face au maître-autel, ensuite, par un double mouvement de flanc, qu'elles se replient sur elles-mêmes pour gagner le bas de l'église et sortir par la grande porte. Cela exigeait du capitaine le commandement suivant : « Par le flanc droit, et le flanc gauche — droite, gauche — par file à droite, et par file à gauche, en avant, marche ! » Un montagnard du haut Verdon, après plusieurs essais infructueux, lança désespéré, en provençal : « Anavousen au diablo ! » — Allez-vous-en au diable ! A. Roux, op. cit., p. 12.

page 556 note 1. Une étude sera nécessaire — qui est amorcée — s'attachant à définir les mécanismes de redistribution périodique des biens et des pouvoirs qui s'élaborent, à l'échelon local, à partir du cursus des magistratures annuelles de classes d'âges, collectivement responsables de la Fête patronale en Méditerranée nord-occidentale, et dans les communautés indiennes des Andes, où elles ont été véhiculées par le canal de la conquête ibérique. Car les charges — mais probablement pas leurs implications dans l'équilibre culturel global de par une structure techno-économique radicalement différente — sont similaires, qui sont assignées aux liturgies provençales électives décrites ci-dessus, d'une part, et, de l'autre, aux fonctions honorifiques de majordomes, capitanes, porte-étendard péruviens (cf. A. Métraux : Religions et magies indiennes, p. 241 ; W. S'Tein : Hualcan, Life in the Highlands of Peru, 1961, p. 256).

page 556 note 2. La place importante tenue par les courses de chevaux dans toutes les fêtes patronales, comme les bénédictions de bétail à la Saint-Éloi, sont à rapporter à des rites de fécondité agraire véhiculés par le cheval. F. Benoit, op. cit., p. 255.

page 557 note 1. Probablement y a-t-il là une subsistance de la forme première de l'aubade qui permet de saisir l'importance de cet élément dans le circuit de redistribution des biens.

page 557 note 2. A. Mauxoux, op. cit., p. 5.