Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Au moment où les sciences sociales traversent une crise profonde, à la fois crise d'identité vis-à-vis d'elles-mêmes et crise de crédibilité vis-à-vis de l'opinion, qui s'étonnera de voir renaître, dans la communauté historienne, diverses critiques à l'endroit des Annales. Le mouvement lancé il y a soixante ans par Bloch et Febvre, tel que ses initiateurs l'ont conçu et tel qu'il demeure est le lieu par où l'histoire communique avec les sciences sociales, avec leurs exigences herméneutiques, mais aussi avec leur difficulté d'être.
Certains affirment que l'école des Annales n'a plus de raison d'exister puisque ses idées et son programme sont désormais acceptés par tout le monde, mais qu'il convient plutôt de se préoccuper des lacunes de ce programme, en particulier la mise entre parenthèses de l'histoire politique.
The originality of Annales' school has been incorrectly attributed to the list of new topics with which it provided the historian and to the valuation of collective social and economic phenomena what was really new in the “spirit of Annales” and could appear as a copernician revolution in the conception of history as a problem, because it implied a reversal of the relations between the historian and the past. The object of research could no more be considered as given by the past, or by the Archives but had to be built. The revival of eritics against Annales expresses the difficulty for some historians to leave the dreams of ressuscitating the past for a complete investment in the process of understanding and interpretating. Most of the conceptual and methodological innovations carried out by historians and particularly the history of mentalities or the quantitative history can be explained by a requirement of totalisation, by the need to compensate the spliting out of the object of history, the multiplication of specialized fields of research by a unifying approach.
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