INTRODUCTION
Les femmes, plus attirées que les hommes par un engagement dans l'Église, représentent en 1900 environ 70% des pratiquants. Elles sont présentes sous la forme d'adhésions massives aux ligues féminines, à des associations, aux mouvements de jeunesse, au syndicalisme. Elles y tiennent un rôle de moins en moins subalterne, ont des sphères d'influence de plus en plus visibles, même si, au début, leurs initiatives étaient énoncées ou reprises par des hommes. Lentement et irréversiblement au cours du vingtième siècle, les femmes catholiques ont pris de l'importance tant dans le fonctionnement des paroisses que dans la société civile.
Il y a lieu de réévaluer le jugement porté sur les associations chrétiennes qui longtemps n'ont été étudiées que par leurs sympathisants, délaissées par les historiens et négligées par les féministes, qui les classaient d'emblée dans le champ de la réaction. Une nouvelle approche d'origine anglo-saxonne parle de ‘féminisme social’ et souligne la portée qu'ont pu avoir ces regroupements. Les femmes catholiques ont su mettre à profit les tâches que les hommes leur confiaient, et petit à petit elles sortent de la ‘sphère privée’. Ce mouvement incontestable apporte des éléments de réponse à la question ouverte d'Émile Poulat, ‘comment les femmes ont-elles su échapper à l'influence du clergé auquel on les disait particulièrement soumises?’
C'est tout au long du vingtième siècle que, au sein de l'Église et dans la société française, les femmes catholiques voient s'accroître leur importance. Devenues petit à petit un maillon essentiel de la divulgation de la foi, elles font évoluer la condition des femmes françaises, en accompagnant parallèlement une certaine émancipation féminine. Elles s'émancipent personnellement à travers une prise de responsabilité sur le terrain, elles gagnent de l'assurance et prennent de l'importance.
LES FEMMES DANS L'ÉGLISE
Pratiquantes
Durant tout le vingtième siècle, les femmes sont plus pratiquantes que les hommes. Le dimorphisme sexuel de la pratique religieuse est plus accentué en 1900 qu'en 1950. La pratique religieuse dominicale des Français(es) est relativement stable entre 1930 et 1960. Avec de très fortes inégalités régionales, on compte 30% de pratiquants sur l'ensemble de la population française qui se répartit de la façon suivante: deux tiers de femmes, un tiers d'hommes. L'effondrement de la pratique religieuse ne se manifeste que dans les quarante dernières années du vingtième siècle, des années 1960 à nos jours.